45e Festival du Cinéma Américain : DEAUVILLE TALENT AWARD à Sienna Miller

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Sienna Miller, et si vous étiez la plus british des actrices américaines de votre génération ?

Vous êtes née à New York, mais c’est à Londres que vous grandissez et faites vos premiers pas d’actrice, jusqu’à vous faire remarquer dans l’irrésistible thriller LAYER CAKE de Matthew Vaughn en 2005, en même temps qu’un futur James Bond, Daniel Craig.

Mais c’est FACTORY GIRL de George Hickenlooper qui marque un premier coup d’éclat dans votre carrière. Dans le rôle d’une Anglaise qui rejoint New York pour y poursuivre une carrière artistique et devient la muse d’Andy Warhol, vous effectuez le même trajet que votre personnage. Bien vite, vous tournez de l’autre côté de l’Atlantique avec des acteurs tels que Steve Buscemi, Robert De Niro ou le regretté Heath Ledger.

Au Festival de Deauville, depuis 25 ans, nous sommes en quête de la subtilité des talents que nous pouvons percevoir chez les actrices à la maturité acquise et en devenir. Julianne Moore, Naomi Watts, Robin Wright vous ont précédées dans l’hommage que nous vous rendons ce soir.

Pour nous, un hommage est plus une observation et une distinction que votre parcours mérite plutôt qu’une célébration d’une carrière que nous savons être très longue.

Vous êtes de ces actrices qui choisissent leurs rôles non pas de manière carriériste mais avec discernement. Les grands cinéastes ne s’y trompent pas. En quelques années, vos partitions si sensibles, parfois sur le fil, impressionnent les caméras de Clint Eastwood avec AMERICAN SNIPER, James Gray avec LOST CITY OF Z et Bennett Miller avec FOXCATCHER, Prix de la mise en scène au Festival de Cannes.

Disons-le : ces trois films pourraient former une trilogie sur la fragilité des hommes, pris dans la violence du monde et la folie des grands projets. Face à l’instabilité du soldat, de l’aventurier ou du lutteur dont vous partagez le quotidien dans ces films, vous êtes toujours la femme qui absorbe, encaisse, comprend. La profondeur de votre regard, le frémissement de tout votre être n’ont pas toujours besoin des mots pour faire jaillir à l’écran un monde intérieur.

Les femmes sont beaucoup représentées dans le cinéma, particulièrement à Deauville cette année, et c’est notre volonté d’affirmer leur émancipation de tous les carcans qui leurs sont imposés, souvent par erreur, par méconnaissance, par incompréhension de la beauté du genre qu’elles incarnent. Vous êtes la lumière de ce désir pour nous ce soir, ainsi que le prouve le film que nous allons voir où la femme reprend sa place au centre. Les hommes fautent, trébuchent, gravitent. Vous, l’héroïne, avancez, ramassez les débris d’un passé brisé pour vous construire un avenir meilleur dans une société dont il faut attirer l’attention. Vous ne perdez jamais la nôtre dans cet émouvant AMERICAN WOMAN de Jake Scott. Vous en êtes le soleil, et pas un soleil noir de la mélancolie.